Que ce soit en peinture, en sculpture ou bien en littérature, il aborde volontiers les sujets animaliers. Cela ne s’explique pas. Ses parents imprimeurs ont accouché – surtout sa mère – de sept enfants, et lui est le numéro six. Dans la fratrie, c’est incontestablement lui qui a les plus beaux mollets (voir photo).

 Les animaux ne sont hélas pas la seule obsession de ce monsieur qui marque un goût prononcé pour le bizarre : le lecteur tient avec lui un authentique spécimen de pataphysicien.

 Laurent Frontère est né le 12 avril 1961, jour où Youri Gagarine est parti dans l’espace. Ses parents avaient failli opter pour le prénom Youri, mais en pleine crise des missiles de Cuba, cela aurait fait mauvais genre.

 Après avoir pastouillé quelques temps dans la purée, à la recherche d’un avenir professionnel, il hésite entre toilettage canin et Président du Monde. Ces deux filières s’avérant bouchées et dénuées d’intérêt, il se rabat sur la chimie. La chimie est certes bonne fille et rémunératrice, mais il s’y fourvoie pendant quelques 18 années, quand, au pied d’une colonne à distiller, le spectre de Léon Bonnat lui apparaît. De ce qui se dira, seul demeurerait un compte-rendu secret scellé remis à la Chancellerie où il semblerait avoir été égaré. Les dernières conjectures laissent penser qu’il y serait question d’essieux de camions et de conseils vestimentaires, conseils il est vrai non superflus. La suite est navrante : Après quelques temps passés à l’école de dessin de Bayonne, celle du même Léon Bonnat, Laurent Frontère se revendique artiste d’arrière-garde et exprime sur des supports divers une personnalité, certes multiforme, mais un rien hâtive et brouillonne.